
L’Alfa Romeo Brera est un coupé 2+2 comme on n’en fabriquera probablement plus. Magnifique mais peu dynamique, son approche originale n’a su séduire et rivaliser avec le pragmatisme de ses concurrentes. Lumière sur cette auto tombée dans l’oubli.
Produite de 2006 à 2010, la Brera est un modèle à part. Misant tout sur sa plastique de diva, elle verra ses défauts l’empêcher de trouver sa place parmi les coupés compacts premium. Il faut dire qu’avec un ticket d’entrée à 33 850 € et un prix maximum de 46 950 €, les clients pouvaient se montrer exigeants. Être la plus belle ne suffit parfois pas toujours…
Le design, atout majeur de la Brera
L’Alfa Romeo Brera c’est avant tout un design exceptionnel que ce soit en version coupé ou cabriolet, appelée Spider. Il faut dire que les lignes racées de cette élégante italienne ont été confiées au maître Giorgetto Giugiaro, sacré designer automobile du XXème siècle en 1999.
La Brera et le Spider reprennent largement la face avant de la berline 159, sortie un an plus tôt, également dessinée par Giugiaro. La calandre triangulaire caractéristique de la marque au Biscione côtoie les lignes tendues des ouvertures dédiées aux 2 séries de triples optiques arrondis. Le long capot plongeant est paré de 2 arrêtes qui convergent harmonieusement vers le logo parfaitement intégré à la proue de l’auto.

L’arrière de la Brera se veut quant à lui plus massif et moins anguleux, donnant à l’ensemble l’image d’une voiture élancée aux voies arrières élargies, signe de sportivité.

Il se caractérise par un pare-chocs intégré à la carrosserie surplombé par 4 feux ronds eux aussi et une lunette arrière dont la partie basse forme un V jusqu’au logo Alfa Romeo, ici encore joliment mis en valeur. Une particularité que l’on ne retrouve pas sur le Spider orné muni d’une capote souple. Les 2 doubles sorties d’échappement intégrées en partie basse du pare-chocs donnent enfin le ton d’une ostensible sportivité.


La ligne générale de la Brera et de sa version découvrable, le Spider, a clairement marqué les esprits. La Brera s’offrira d’ailleurs le titre de la plus belle voiture de l’année 2006 ! Une distinction amplement méritée tant cette auto a hérité d’un design intemporel, source d’émotions, caractéristique des plus belles réalisations stylistiques.

L’intérieur, au traitement sportif avec la traditionnelle console centrale tournée vers le conducteur, était pénalisé par la qualité de quelques matériaux et des ajustements parfois approximatifs, dans la plus pure tradition des productions italiennes, même de renom.


Ce ne sera cependant pas cet intérieur à l’ambiance globalement convaincante qui handicapera la Brera. L’ombre au tableau qui la privera du succès auquel elle aspirait est ailleurs…
Un cruel manque de dynamisme
Le poids est le premier écueil de la Brera. Le coupé tout comme le Spider étaient lourds, très lourds même. Entre 1450 et 1705 kg à vide selon les motorisations et la transmission (traction ou intégrale). De quoi grever l’agilité et le dynamisme au point d’obtenir un comportement certes sûr mais considéré comme quelconque dans la catégorie.
Pour essayer de corriger le tir sur ce point, la firme italienne allégera la Brera de 50 à près de 100 kg suivant les versions. Un effort qui s’avérera malheureusement plus symbolique qu’efficace.
Les motorisations n’ont pas davantage servi la Brera. Passons les blocs diesel 2.0 JTDM (170 ch) et 2.4 JDTM (200 ch) ou encore le modeste 2.2 JTS (185 ch) remplacé par le 1750 TBi (200 ch) en juin 2009, sans réel intérêt sur une telle auto dont les prétentions impliquent de dépasser la barre des 200 ch pour valoir le détour.
Pour le haut de gamme, Alfa Romeo a décidé d’avoir recours à un V6 3.2 JTS exotique puisque construit par le motoriste australien Holden, appartenant au groupe General Motors. Disponible au choix en traction ou en transmission intégrale Q4, il rompt avec la tradition des moteurs de caractère dont Alfa Romeo avait le secret. Fini le fameux V6 Busso aux vocalises et montées en régime rageuses à souhait ! Le V6 australien, plus souple et linéaire, bien que retravaillé par Alfa Romeo, ne provoque guère l’émoi au volant malgré les 260 ch et les 322 Nm annoncés. Dommage car la jolie Brera aurait mérité une motorisation « maison » au caractère bien trempé comme Alfa Romeo savait jadis les mettre au point.


À défaut d’être exceptionnelles, les performances étaient cependant correctes sur le papier avec un 0 à 100 km/h en 6,8 s et 240 km/h de pointe. La consommation de carburant, grevée par un poids important, n’était logiquement pas son fort avec 11,5 l au 100 km (conso mixte).
Alfa Romeo commercialisera 2 séries limitées de la Brera :
- « S » (2008), fruit d’une collaboration avec Pro Drive (equipments spécifiques), produite à 500 unités,
- « Italia Independent » (2009), disponible à 900 exemplaires dans une teinte exclusive gris mat sur les seuls marchés européen, japonais et australien.



Bilan
Plus GT que sportive, la Brera ne soutenait pas la comparaison avec ses rivales allemandes Audi TT ou encore BMW Z4 aux prestations plus convaincantes. La Mazda RX-8 et son moteur pointu à pistons rotatifs était elle aussi supérieure sur tous les plans, si ce n’est celui du design, pré carré de l’italienne bien entendu.
Durant sa carrière, elle séduira 34 000 esthètes environ (dont 12 000 pour le Spider). Un chiffre relativement modeste au regard de ses ambitions, remplacer avantageusement la GTV type 916 qui s’était vendue à plus de 80 000 unités au total. Reste qu’aujourd’hui, tombée dans les limbes de l’occasion, plus personne ne parle d’elle. Il s’agit pourtant d’un véritable morceau de l’histoire du constructeur milanais dont l’avenir s’éclaircit aujourd’hui depuis son rachat par le groupe Stellantis. La collection la réconciliera peut-être avec le succès, allez savoir…