
La Hyena Zagato est probablement l’une des Lancia les plus originales. Développée sur une base de Delta HF Integrale Evo 1, sans le soutien du Groupe Fiat, elle a su marquer les esprits malgré une diffusion confidentielle. Retour sur ce coupé aussi désirable qu’introuvable.
La Hyena Zagato c’est avant tout l’histoire singulière d’une auto qui n’aurait jamais dû voir le jour mais qui parviendra finalement à sortir en très petite série grâce à l’obstination d’un importateur hollandais et du maître carrossier Zagato. Une production épique relativement artisanale, loin des best-seller de l’industrie automobile développés, construits et diffusés à grands frais.
500 exemplaires prévus, 24 finalement produits…
En 1990, Paul Koot, l’importateur néerlandais de Lancia, veut une version spéciale de la Delta HF Integrale. Plus racée, plus performante et plus exclusive. Un cahier des charges séduisant sur le papier pour une voiture destinée à être produite à 500 exemplaires. Il fait alors appel à la Carrozzeria Zagato de Milan qui vient tout juste de signer les Alfa Romeo SZ/RZ.
Seulement voilà, le Groupe Fiat décide de ne pas soutenir le projet mais autorise néanmoins Lancia à badger ce coupé pourtant rejeté par la maison mère.



Qu’à cela ne tienne, les deux partenaires décident de poursuivre l’aventure, revoyant néanmoins leurs ambitions à la baisse pour envisager la commercialisation de 75 exemplaires. Mais sans le soutien du Groupe Fiat, la production s’avère très contraignante et onéreuse. Paul Koot doit en effet se livrer à une incroyable gymnastique industrielle :
- acheter les Delta HF Integrale Evo 1 neuves en Italie,
- les acheminer aux Pays-Bas pour que leur intérieur soit retiré,
- les renvoyer en Italie pour que Zagato procède aux modifications sur le châssis et la carrosserie,
- et enfin les faire revenir aux Pays-Bas pour qu’elles puissent recevoir leur nouvel intérieur.
Résultat, un tarif d’environ 75 000 €, équivalent à celui d’une 911 Carrera, qui rebutera la clientèle lors de sa présentation au Salon de Bruxelles en 1992. Seules 24 exemplaires de la Hyena seront finalement produits, bien loin des 500 initialement prévus et même des 75 escomptés après la défection brutale du Groupe italien.
Un coupé de caractère, léger, performant et séduisant
Parlons enfin de la Hyena Zagato en elle-même. Car si elle fut un vrai flop commercial, elle n’en demeure pas moins un étonnant coupé plein d’atouts, à commencer par son design.
Les réalisations de Zagato, spécialiste des productions de niche, se sont souvent caractérisées par des lignes tendues et anguleuses. La Hyena échappe à la règle du maître carrossier. Son aspect général donne plutôt dans le galbe avec peu d’arêtes saillantes. Ce coupé n’est pas rond pour autant mais la fluidité de ses lignes étonne, surtout au regard de son gabarit contenu.






Sur le plan technique, la Hyena Zagato est entièrement basée sur la Delta HF Integrale Evo 1. Le moteur de cette dernière, le fameux 4 cylindres 2 l turbo 16S de 210 ch est ici poussé à 250 ch, voire 280 ch en option, au choix du client.
Le poids est lui aussi optimisé grâce à une carrosserie entièrement en aluminium et à l’emploi de carbone pour planche de bord, la console centrale et les panneaux de porte. Le coupé affiche ainsi un poids de 1148 kg, soit un gain de près de 200 kg par rapport à la Delta HF Integrale Evo 1 dont elle dérive !

Avec une telle fiche technique, les performances sont évidemment au rendez-vous avec un 0 à 100 km/h en 5,4 s et une vitesse de pointe de 230 km/h.
Quelques exemplaires aux enchères ces dernières années
Si la Lancia Hyena Zagato est extrêmement rare, quelques uns des 24 exemplaires ont toutefois fait l’objet d’enchères exceptionnelles ces dernières années.
C’est le cas de l’exemplaire vert métallique qui illustre cet article. Il s’agit de la n° 9/24, proposée aux enchères par RM Sotheby’s en février 2020 lors de la vente « Silverstone Auctions Race Retro ». Elle y a été adjugée au prix de 168 750 £ (environ 201 000 €).
Parmi ces prestigieuses enchères, on peut également citer :
- n° 15/24 vert Zagato, invendue en février 2016 à Paris Rétromobile (enchères Artcurial), puis adjugée 161 000 € en février 2017 à Paris (enchères Bonhams), avant d’être enfin revendue aux enchères 148 500 € en février 2021 à Karlskron en Allemagne (enchères RM Sotheby’s) ;
- n° inconnu rouge (estimation entre 250 000 et 280 000 €), invendu à Francorchamps en Belgique en mai 2017 ;
- n° inconnu rouge (estimation entre 150 000 et 190 000 £), invendu à Weybridge au Royaume-Uni, en novembre 2021 ;
- n° 24/24 noir, dernière unité produite, ex propriété de Paul Koot, adjugée pour 187 000 € en juin 2020 aux Pays-Bas (enchères RM Sotheby’s).
Les autres exemplaires sont jalousement conservés par leurs propriétaires. Mais on ignore cependant si toutes les 24 Hyena Zagato sont toujours de ce monde.
Difficile d’estimer la cote de cette exclusive italienne mais il semblerait qu’elle s’établisse aujourd’hui autour de 180 000 €. Une vraie fortune pour une sacrée rareté.