
En cette ère de transition énergétique, de plus en plus de constructeurs automobiles développent des motorisations à hydrogène. Longtemps boudé pour une application de mobilité individuelle, l’hydrogène semble aujourd’hui avoir le vent en poupe et pourrait bien concurrencer l’électrique dans les années à venir.
Il existe aujourd’hui deux solutions pour utiliser l’hydrogène comme source d’énergie en matière de transport.
La première est la pile à hydrogène (ou pile à combustible), technologie traditionnellement mise en œuvre jusqu’à présent. Elle ne consomme que du dioxygène et de l’hydrogène, tous deux présents en grande quantité sur la planète. Elle alimente un moteur électrique qui anime le véhicule.
La seconde est le moteur à hydrogène. Il s’agit d’un moteur à combustion interne consommant du dihydrogène comme carburant.
Quelle que soit la solution technique retenue, les motorisations utilisant l’hydrogène n’émettent aucun gaz polluant puisqu’elles ne rejettent que de l’eau.
Alors l’hydrogène pourrait-il devenir l’énergie verte de demain ? Certains constructeurs semblent l’envisager et investissent dans ce domaine. Retour sur les modèles disponibles et ceux qui se profilent à l’horizon.
Hyundai pionnier avec le SUV ix35 Fuel Cell, remplacé par le Nexo
Hyundai fait figure de pionnier. La marque coréenne a en effet lancé la première voiture de série à fonctionner à l’hydrogène en 2013 : le ix35 Fuel Cell.
Un SUV au look conventionnel annonçant pouvoir parcourir près de 600 km avec un plein réalisé en 3 minutes seulement. Mu par un moteur électrique de 136 ch, il a ouvert la voie à ceux qui lui ont succédé.


C’est le Nexo qui est venu remplacer le ix35 chez Hyundai en 2018. Plus moderne et haut de gamme, son tarif est aussi supérieur (à partir de 79 900 € hors bonus écologique). Son bloc électrique distille une puissance de 163 ch et 300 Nm de couple. Ce SUV qui emploie la même technologie (pile à combustible/moteur électrique) promet de pouvoir parcourir 666 km sans recharge. En mai 2021, ce dernier a réalisé un record d’autonomie pour un véhicule à l’hydrogène en parcourant pas moins de 887,5 km avec un seul et même plein.


Toyota et sa berline Mirai
Le 18 novembre 2014, Toyota présentait la Mirai. Forte d’une autonomie annoncée de 650 km, cette berline au moteur électrique de 154 ch lui aussi alimenté par une pile à combustible a d’abord été commercialisée au Japon, puis en Amérique du Nord et en Europe dès la fin 2015.



La Mirai 2, seconde génération, est disponible depuis 2020. Son design plus consensuel et ses prestations en hausse (182 ch) sont facturées à un tarif de base de 69 400 € hors bonus écologique.



En octobre 2021, elle est parvenue à battre le Hyundai Nexo en signant un nouveau record d’autonomie de 1360 km ! Une performance impressionnante prouvant que l’hydrogène est désormais une véritable alternative aux énergies fossiles mais aussi à l’électrique pour un usage quotidien.
Un concept Renault et un SUV BMW annoncés
Renault et BMW travaillent actuellement sur l’hydrogène.
La marque allemande a présenté le concept i Hydrogen Next au Salon de Francfort en 2019.


Depuis, le prototype de BMW a fait du chemin et c’est fin 2022 que le X5 Hydrogen sera produit en petite série avant de rejoindre les concessions à l’horizon 2025.
Ce X5 sera équipé d’un moteur électrique alimenté par une pile à combustible pouvant délivrer 170 ch. Une batterie additionnelle permet d’atteindre jusqu’à 374 ch avec une autonomie de 500 km.


BMW prend donc le tournant de l’hydrogène là où d’autres ont au contraire décidé de jeter l’éponge. C’est le cas de son concurrent Mercedes qui a décidé d’arrêter la production de son SUV GLC F-Cell commercialisé en Allemagne depuis novembre 2018. Honda a lui cessé de proposer sa berline Clarity Fuel Cell en 2021 après seulement 3 ans de présence sur le marché.


De son côté, Renault présentera un prototype à hydrogène le 9 mai prochain à Paris, à l’occasion du ChangeNOW, le plus grand événement mondial pour la planète.


Aucune précision technique n’est pour l’heure disponible. Renault n’a communiqué que deux images en guise de teaser. On ignore donc si ce SUV sera doté d’une pile à combustible et d’un moteur électrique (solution employée sur la Mirai et le Nexo) ou d’un moteur à hydrogène proprement dit.
Des projets de conversion de moteurs thermiques à l’hydrogène
BMW a déjà expérimenté l’hydrogène par le passé. En 2006, le V12 de la série 7 E65 avait en effet été adapté pour fonctionner à l’hydrogène. Le résultat n’a pas convaincu la marque qui n’a pas commercialisé ce modèle dont la puissance était tombée à 260 ch là où l’essence lui permettait d’en offrir 445.


Ce type de recherche a récemment été relancé par un ex ingénieur BMW lequel a fondé une start-up nommée Keyou dont l’objet est de permettre aux véhicules thermiques de carburer à l’hydrogène. Les 2 premières réalisations de cette jeune entreprise sont un bus et un camion équipés de blocs diesel. La phase de test serait sur le point de commencer.
Toyota développe aussi la conversion des moteurs thermiques à l’hydrogène. Son crédo, les moteurs sportifs. Sa dernière réalisation, la GR Yaris H2, dont le 3 cylindres 1.6 Turbo déjà utilisé sur la Corolla H2 carbure à l’hydrogène. Cette formule a aussi été employée sur le V8 5.0 atmosphérique Lexus retravaillé par Yamaha.



Des solutions séduisantes qui permettent d’envisager la conversion de tous les blocs thermiques à cette énergie vertueuse sans avoir à renouveler l’ensemble du parc automobile. Un plus côté environnement tant le recyclage de nos voitures est en soi source d’une empreinte carbone importante.
L’hydrogène offre une grande autonomie et présente également l’avantage de pouvoir recharger en quelques minutes seulement là où l’électrique demande de patienter bien plus longtemps malgré les progrès réalisés en la matière. Des atouts qui en font une alternative crédible à l’hégémonie du 100 % électrique.
Pénalisé par une pénurie de bornes de recharge, un coût de production et de transport élevé ainsi qu’une image à construire, l’hydrogène ne bénéficie malheureusement pas (encore) des conditions pour s’imposer. Produire de l’hydrogène en quantité suffisante est aussi un défi écologique et économique d’envergure puisque cela nécessite de privilégier les procédés de fabrication decarbonnés, notoirement plus coûteux.
Si l’initiative et le développement viennent d’Asie, les constructeurs européens semblent de plus en plus s’intéresser à l’hydrogène. Des perspectives commencent à se dessiner, l’avenir nous dira si elles se concrétiseront ou si elles resteront au contraire au rang de simples hypothèses industrielles sans véritable lendemain.